Pour la liberté de la recherche

Chercheur en physiologie et biologie moléculaire végétale à l’Observatoire des sciences de l’Univers de Rennes (Osur), Ivan Couée a récemment publié un article académique sur les enjeux économiques de la recherche(1) dans EMBO reports, une revue européenne de biologie moléculaire.

Par intérêt personnel, mais aussi pour réagir à l’actualité : « En France, le projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche est en cours de discussion. Et ce genre de débat a aussi lieu dans d’autres pays, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. » La tendance : la promotion systématique des liens entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise, voire parfois des tentatives de contrôle de la part des pouvoirs politiques. Les chercheurs sont de plus en plus entourés par des structures d’évaluation qui appliquent des méthodes très apparentées à l’assurance qualité pratiquée en entreprise. « Dans le cadre de ses activités, un chercheur est amené à rendre des comptes de nature bureaucratique tous les deux mois environ ! Cela est énorme relativement aux exigences des expériences, des observations ou des validations et, surtout, réfrène la créativité qui est quand même l’essence de la recherche... » Dans sa publication, Ivan Couée se réfère à de grands scientifiques du 20e siècle : un prix Nobel d’économie en 1979 et un prix Nobel de la paix, spécialiste de la révolution verte, qui avaient déjà perçu ces dérives et prônaient la liberté complète de la recherche. Le physiologiste ne compte pas pour autant changer d’activité. « J’aimerais juste que d’autres collègues s’expriment sur ces questions qui les concernent directement, car, en France, les scientifiques publient peu d’opinions dans les journaux académiques. » À bon entendeur...