Les coulisses de la médiation scientifique pour les enfants

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N° 407 - Publié le 24 février 2023
WILLIAM LE JONNY
À Rennes, des animations sur les émotions sont proposées tous les jeudis aux jeunes enfants.

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Médiateurs et médiatrices scientifiques déploient toute une palette de stratégies pour capter l’attention des plus jeunes et leur expliquer des concepts parfois compliqués.

La sphère est calée entre ses paumes. D’un jaune brillant, éclatant, floqué d’un sourire et de deux yeux réjouis. « Je vous présente Jojo le ballon ! », lance Frédérique Colombel, chargée de médiation scientifique à l’Espace des sciences de Rennes. La dizaine d’enfants assis devant elle éclatent de rire. Cela ne fait aucun doute, Jojo est joyeux.
Ce ballon bienheureux est le personnage principal de l’une des animations sur les émotions proposées tous les jeudis aux enfants de la moyenne section au CP, par le centre de culture scientifique rennais. « Quand on s’adresse à des adultes on mise surtout sur le contenu, alors qu’avec des petits, on travaille davantage sur la diversité des supports et le rythme », résume William Le Jonny, également chargé de médiation scientifique à l’Espace des sciences. Il devient alors essentiel de raconter une histoire et de s’appuyer sur un support visuel, pour garder l’attention des enfants.

Repérer ceux qui décrochent

Car cette dernière est aussi volatile que les enfants sont curieux. « Comme ils se déconcentrent facilement, on doit choisir un endroit sans trop de passage ni de lumières qui clignotent », raconte le chargé de médiation. La taille des groupes est elle aussi adaptée. Pas plus de quinze têtes, pour « repérer et rattraper ceux qui décrochent », poursuit-il.
Là où un adulte peut assister sans broncher à une conférence d’une heure, un enfant, lui, va rapidement déplacer son attention sur autre chose. D’où la nécessité, pour Tiphaine Birien, médiatrice scientifique à Océanopolis, à Brest, d’alterner des phases d’explication avec des activités dont les enfants sont acteurs, quand ils manipulent des objets par exemple. « Dans ces moments-là, ils peuvent parler entre eux et rire. En ponctuant notre atelier de ces moments de décompression, on arrive plus facilement à maintenir leur concentration », explique-t-elle.
Pour capter l’attention des plus jeunes, un circuit de visite dédié aux enfants a été mis en place à Océanopolis. Ces derniers essaient d’attraper l’image d’un plancton projeté sur le sol. « Une fois qu’ils ont eu une interaction avec, ils ont envie de savoir ce que c’est », sourit Tiphaine Birien. À l’Espace des sciences, Frédérique et William travaillent eux aussi avec les différents sens pour « susciter une réaction que les enfants ne peuvent pas refouler. » Dans le cadre de l’animation sur les émotions, ils leur font par exemple sentir une odeur de moules pour représenter le dégoût, écouter une musique sautillante pour illustrer la joie, ou montrent une photo d’un doudou perdu pour titiller la tristesse.

Expliquer sans trop simplifier

Ces explorations sensorielles permettent de multiplier les portes d’entrées pour maximiser la probabilité que les enfants retiennent ce qu’ils ont vu, senti ou écouté. Car derrière l’aspect ludique, l’objectif est bien pédagogique. « Ils ne sont pas à l’école mais apprennent quand même », analyse Tiphaine Birien.
Mais les sujets scientifiques sont complexes. La plupart des enfants de maternelle, par exemple, ne savent pas ce qu’est une langouste. Les médiateurs adaptent donc leur vocabulaire et se servent d’images pour faciliter la compréhension, tout en interagissant constamment avec leur public. « Les enfants comprennent mieux s’ils participent », précise d’ailleurs William Le Jonny.
Pas question, toutefois, de trop simplifier. « Il faut trouver un juste milieu pour rendre le propos accessible sans faire de raccourcis, car notre objectif est aussi de donner aux enfants des clés pour développer leur esprit critique », conclut Tiphaine Birien, qui semble avoir trouvé la bonne recette pour une médiation scientifique réussie : « un peu d’humour, un peu d’action et un peu de sérieux. »

 

VIOLETTE VAULOUP

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