Plus on avance, plus on se rend compte qu’on ne sait pas grand-chose

Portrait

N° 253 - Publié le 11 décembre 2014
© Alice Vettoretti
L'épreuve par 7
Robert BELLÉ

Professeur, spécialiste de la division cellulaire

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

De la musique ! Quand j’étais jeune, je faisais de la contrebasse, mais ce n’était pas simple dans un appartement, à Paris... J’ai joué de plusieurs autres instruments. Aujourd’hui, je fais toujours du saxophone ténor.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

La sérénité. J’ai rencontré une femme récemment.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Il n’y a pas vraiment de hasard en recherche : on le prépare. Lorsqu’on a l’impression qu’une découverte est due à la chance, c’est peut-être un résultat inattendu auquel on s’est intéressé, au lieu de s’en débarrasser en pensant qu’on a fait une erreur.

Qu’avez-vous perdu ?

Beaucoup d’illusions ! Quand on commence, on s’imagine qu’on va révolutionner le monde. Plus on avance, plus on se rend compte qu’on ne sait pas grand-chose.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Je pense que la connaissance en soi ne peut pas être négative. Toute découverte est un acquis pour l’humanité. Après, on peut l’utiliser à bon ou à mauvais escient...

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Aujourd’hui, aucune, je n’ai pas besoin de ça. À la fin des années 80, avec mon équipe, nous avons fait des découvertes importantes sur la division cellulaire et, plus récemment, sur l’effet cancérigène d’un désherbant, le Roundup. Je suis content que cette découverte permette de mettre en œuvre une politique de prévention pour l’utilisation de ce produit.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je suis certain qu’il y a des choses qu’on ne connaît pas. Cela ne me gêne pas que certains croient en l’irrationnel, du moment qu’ils ne prétendent pas que leurs arguments sont scientifiques. Par exemple, je respecte les gens qui utilisent des “médecines” parallèles, s’ils trouvent que ça leur fait du bien.
Le danger vient de ceux qui demandent une caution scientifique pour exploiter leurs clients.
C’est une fausse science !

Rencontré par Alice Vettoretti, avant la diffusion du documentaire Le monde selon Monsanto en mars, dans lequel il est interviewé pour ses travaux sur le Roundup.

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