Le plancton en pleine symbiose

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N° 304 - Publié le 7 décembre 2012
© Johann Decelle - CNRS/UPMC

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Un jeune chercheur de Roscoff a débusqué une relation inattendue entre deux organismes du plancton.

C’est ce que l’on appelle finir en beauté. Pour sa thèse soutenue il y a seulement quelques jours à la Station biologique de Roscoff(1), Johan Decelle avait de beaux résultats - publiés le 10 octobre dernier(2) - à commenter. Il a réussi à caractériser précisément, grâce à des analyses de leur patrimoine génétique, deux organismes unicellulaires du plancton qui vivent en symbiose : l’hôte est un acanthaire, un petit organisme à squelette minéral rigide de 200 à 300 µm (photo ci-dessous) et le symbiote une microalgue (5 à 10 µm) du genre Phaeocystis.

« Les acanthaires sont connus pour vivre en symbiose, mais on ne s’y intéressait pas plus que cela, explique Johan Decelle. Quant aux microalgues, elles sont responsables d’importants blooms sur nos côtes, qui peuvent former une sorte de mousse un peu jaune. Et elles sont très étudiées pour ça. Mais on ignorait que ce sont aussi elles qui vivent en symbiose avec les acanthaires. » C’est toute l’originalité du résultat, qui va à l’encontre d’une idée reçue selon laquelle les symbiotes en dehors de leur hôte sont rares dans l’environnement. « J’ai réparti mes prélèvements de façon à avoir une bonne couverture géographique, poursuit le chercheur. Ils couvrent ainsi sept mers et océans du globe(3) et à chaque fois on y retrouve l’association des deux organismes. »

Il semblerait que celle-ci profite d’ailleurs plus à l’acanthaire, à qui les microalgues fourniraient, grâce à leur photosynthèse, les éléments nutritifs dont il a besoin. Cela est très utile, notamment dans les déserts océaniques (ou gyres), pauvres en nutriments.

« S’associer avec un organisme très répandu et abondant est alors un avantage certain. » Et les chercheurs roscovites ont pu montrer que cela dure depuis le jurassique (environ 150 millions d’années). Mais qu’en retirent les microalgues ? Cette question est toujours en suspens, sachant qu’elles sont tout à fait capables de vivre seules, comme en témoignent les blooms !

(1)Équipe Évolution du plancton et des paléo-océans. UMR CNRS/  Université Paris 6.

(2)Dans Pnas : www.pnas.org/content/early/2012/10/10/ 1212303109.abstract.

(3)Antarctique, océan Indien, Atlantique Sud, Manche (Roscoff), Méditerranée (Villefranche-sur-Mer, Naples), océan Pacifique (Japon) et mer Rouge (Eilat, Israël).

Johan Decelle Tél. 02 98 29 25 37
decelle [at] sb-roscoff.fr (decelle[at]sb-roscoff[dot]fr)

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