L’épuration au naturel

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N° 356 - Publié le 6 novembre 2017
cc by sa forest and kim starr
Le papyrus fait partie des végétaux adaptés à la dépollution des eaux usées.

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L’efficacité d’un groupe de plantes a été suivie pendant huit ans par des Rennais en Algérie.

D’abord imaginés comme un moyen de recycler les eaux d’une station spatiale(1), les “jardins d’eaux usées” sont désormais un moyen écologique et efficace de traiter les effluents du quotidien. De nombreuses zones humides artificielles, utilisant les capacités naturelles de dépollution des plantes, des bactéries et des champignons, ont vu le jour à travers le monde. Mais aucune étude n’avait été faite pour suivre leur évolution et leur efficacité à long terme. Jusqu’à ce que l’équipe d’Abdelhak El Amrani(2), chercheur rennais du laboratoire Écobio(3), soit contactée pour évaluer un site pilote installé à Temacine, au nord-ouest de l’Algérie, pour une période de huit ans. Les Rennais ont collaboré avec des ingénieurs de l’Institut d’écotechnique (États-Unis/Angleterre), qui ont développé le concept de “wastewater gardens”. Débutées en 2008, les analyses se sont poursuivies jusqu’en 2015. Les résultats finals viennent d’être publiés dans le Journal of Environmental Management.

Peu de survivantes !

« Le site pilote a été aménagé pour voir s’il pouvait convenir à un petit village », explique le chercheur. La zone humide de 400 m2 est conçue pour traiter les effluents de 100 à 150 personnes, soit un volume journalier de 15 m3. Premier constat : toutes les plantes n’ont pas survécu. Sur les vingt-cinq espèces plantées au départ, seules sept ont résisté, malgré plusieurs tentatives pour remplacer les végétaux disparus. Pour autant, la capacité d’épuration du site n’a pas été affectée. Parmi les survivantes, six espèces appartiennent au grand groupe des monocotylédones (qui comprend notamment les graminées et les joncs). Ces plantes sont adaptées aux zones humides polluées. Premièrement, son métabolisme photosynthétique particulier générerait moins de stress oxydant que celui des autres végétaux. Ceci lui permet probablement de mieux supporter les agressions oxydatives de certains polluants. Deuxièmement, il est capable de développer des cavités tissulaires, les aérenchymes, qui permettent à l’oxygène d’arriver jusqu’au niveau des racines, où ce gaz est rare. Ces modifications tissulaires créent des conditions favorables au développement de bactéries qui dégradent la matière organique et les polluants.

Avoir une vue d’ensemble

Ce n’est en effet pas simplement les plantes qu’il faut considérer, mais aussi l’ensemble des microorganismes qui leur sont associés. C’est pourquoi le scientifique préfère parler de métaremédiation, plutôt que de phytoremédiation. Les caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques de l’eau sortant de la zone humide sont analysées toutes les semaines. La qualité atteinte répond aux normes d’utilisation pour l’agriculture. Ainsi, l’eau issue de la zone humide de Temacine est utilisée pour irriguer un verger !

Maryse Chabalier

(1) Projet Biosphère 2, initié en 1991.
(2) Lire Ils attaquent la pollution par les racines, Sciences Ouest n° 342-mai 2016.
(3) Unité mixte de recherche Écosystèmes, biodiversité, évolution Université de Rennes 1, CNRS, membre de l’Observatoire des sciences de l’Univers de Rennes (Osur).

Abdelhak El Amrani
tél. 02 23 23 51 24
abdelhak.el-amrani@univ-rennes1.fr

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