« Respecter la rigueur scientifique tout en s’autorisant la création »

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N° 407 - Publié le 24 février 2023
SOPHIE LIENART

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Fin mars, les rencontres brestoises de Ressac rassembleront artistes et scientifiques. Retour sur la genèse de cet événement unique, ouvert au public.

Tous les deux ans, le festival de Recherches en sciences arts et création1 (Ressac) à Brest présente le fruit de plusieurs collaborations entre artistes et scientifiques. Les autres années, ce sont des rencontres qui sont organisées le temps d’un week-end. C’est ainsi que les 29 et 30 mars les participants échangeront sur leurs projets mêlant sciences et expressions artistiques (musiques, danses, sculptures…). L’occasion d’explorer divers thèmes de recherche sous tous les angles !

Coquillages et danse

Christine Paillard a co-initié la première édition du festival en 2019. Cette microbiologiste CNRS met en place des projets arts et sciences depuis une vingtaine d’années en parallèle de son activité de recherche, à travers des résidences d’artistes. « Cela permet de voir les choses différemment ! J’ai débloqué des questions que je me posais sur la minéralisation des coquillages pendant une résidence de danse contemporaine, raconte la chercheuse. Les deux, c’est de la 3D ! »
Après le succès des deux premières éditions, l’événement ambitionne de s'inscrire plus fortement dans l’enseignement en faisant appel aux étudiants de l’Université de Bretagne Occidentale, tous niveaux et toutes formations confondus. « L’idée est vraiment de faire de Ressac un trépied pour la recherche, la formation et la culture sous toutes ses formes », s’enthousiasme Christine Paillard. La recette pour allier arts et sciences ? Interdisciplinarité, pédagogie… et un grain de folie !

Acoustique sous-marine

Etienne Hendrickx, co-directeur de l’édition 2022, possède la double casquette. Il est enseignant-chercheur en sciences et techniques du son à l’UBO et compositeur. À l’occasion du festival, il a rencontré deux ingénieurs en acoustique sous-marine et entrepris de transposer leurs données en sons : un véritable paysage sous-marin en trois dimensions, intégrant les mouvements des bancs de poissons. « On ne peut pas toujours faire confiance à notre œil, explique Etienne Hendrickx. Une tâche jaune et une tâche bleue donnent du vert pour notre cerveau, alors que pour notre oreille, un Mi et un Sol restent séparés, et l’on entend un accord ! » Le musicien-scientifique a donc composé un quatuor à cordes à partir des données transformées en notes. Son œuvre musicale sera jouée pour la première fois lors des rencontres cette année. Le plus difficile : respecter la rigueur scientifique tout en s’autorisant la création. « J’ai pris quelques libertés pour trouver une qualité musicale mais j’espère que les chercheurs reconnaîtront les paysages sous-marins ! » Cet équilibre fait le sel de l’événement. « Au début, les équipes ne se comprennent pas toujours… et d’un coup, tout se débloque, s’émerveille Christine Paillard. C’est comme si une porte s'ouvrait vers une solution que personne n’avait jamais imaginée. »

 

SOPHIE PODEVIN

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