À Lannion, les satellites au bout des antennes

Le grand bleu vu du ciel

N° 412 - Publié le 28 septembre 2023
© SOPHIE PODEVIN
Sylvain Le Moal et Stéphane Saux Picart (de gauche à droite) travaillent face à un champ d’antennes dirigées vers l’Espace.

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Dans les Côtes-d’Armor, le site Météo-France de Lannion reçoit des données satellites du monde entier. Des informations indispensables pour la météo…Mais pas que !

Des données de toute la surface de la Terre arrivent jusqu’ici. Doté de cinq antennes de trois mètres de diamètre dispersées dans un champ, le Centre d’études en météorologie spatiale (CEMS) de Lannion est unique en France. « Ces antennes reçoivent les informations relevées par une vingtaine de satellites météorologiques gravitant à plus de 850 kilomètres au-dessus de nos têtes », indique Sylvain Le Moal, directeur adjoint du centre, géré par Météo-France.

Bulletins météo


Un peu plus loin, une antenne parabolique trois fois plus grande attire l'œil. « Celle-ci est réservée à un satellite géostationnaire1 qui surveille tout le continent américain, explique Sylvain Le Moal. Ses données sont récupérées et traitées ici. » Car le CEMS est une étape obligée pour le traitement des informations à destination des prévisionnistes français de métropole et d’Outre-mer. « Les images satellites et les cartes que l’on voit dans les bulletins météo sont faites ici », explique Rudy Coste, responsable des opérations, face à un mur d’écrans. Derrière, dans une pièce climatisée, bourdonne un data center. « En réalité, les satellites ne nous envoient que des lignes de données ! », confie le chef technicien. Ces dernières sont alors traitées pour créer des images satellites en noir et blanc, que l’on peut coloriser ou animer. Mais que nous apprennent ces données sur les océans ?

Une équipe spécialiste de la question travaille dans le bâtiment voisin, dédié à la recherche. Stéphane Saux Picart, chercheur au centre national de recherche météorologique, en est le responsable. « Dans notre service, on examine principalement la température de la surface des mers et la couleur de l’eau. » Avec parfois des contraintes pouvant influencer la précision des mesures. En effet, les outils satellites utilisent l'infrarouge pour relever la température de surface des eaux... un rayonnement absorbé par les nuages ! « C’est pour ça qu’il y a des zones grises sans données sur nos cartes », explique le chercheur.

Des algues vues de l’Espace


Ces informations, même incomplètes, restent essentielles pour la météo, mais également pour la recherche en océanographie ou le suivi de phénomènes naturels. L’analyse de la couleur de l’eau permet par exemple aux équipes de surveiller le déplacement des sargasses, des algues brunes envahissantes dans la mer des Caraïbes qui libèrent des gaz toxiques en pourrissant massivement sur les plages.

« Si l’on schématise, nous cherchons un pixel marron au milieu du bleu pour transmettre les informations au centre Météo-France de Toulouse qui utilise un modèle informatique pour savoir où vont s’échouer les algues », détaille Stéphane Saux Picart. Une fois la carte créée, le tout est envoyé de l’autre côté de l’Atlantique pour prévenir les autorités locales. Une manœuvre qui serait impossible sans les satellites qui surveillent la zone depuis leur orbite.

Sophie PODEVIN

1. En tournant autour de la Terre de façon synchrone avec sa rotation, le satellite reste stationnaire au-dessus d'un point donné, à 36 000 km d’altitude.

Stéphane Saux Picart
stephane.sauxpicart@meteo.fr

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