«Je m’intéresse à la déshumanisation.»

Portrait

N° 343 - Publié le 23 juin 2016
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Ce que je cherche
Nicolas Frébert
Doctorant en psychologie sociale

Magazine

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Pour son très court-métrage «Le désengagement moral», il a reçu le Premier Prix du jury lors du festival Sciences en cour[t]s 2016.

Je m’intéresse à la déshumanisation. Ce processus mental, le plus souvent inconscient, amène à considérer une ou plusieurs personnes comme moins humaines que soi. Le fait de passer devant un SDF(1) sans le regarder révèle une forme de déshumanisation, par exemple. Notre conscience morale préfère se mettre en veilleuse. C’est une façon d’occulter la réalité pour mieux la supporter. Dans d’autres cas, le processus de déshumanisation permet de justifier un acte immoral : les nazis considéraient les juifs comme des êtres inférieurs et se donnaient donc le droit de les tuer.

Pendant ma thèse, je vais chercher à comprendre si l’adhésion à des valeurs culturelles fortes augmente la tendance à déshumaniser. Plus exactement, je vais comparer l’influence des valeurs individualistes, qui caractérisent les occidentaux dans de nombreuses études, à celle des valeurs collectivistes de l’Orient. Il existe, dans la littérature, différents types de questionnaires permettant de mesurer la déshumanisation. Je m’en inspire pour élaborer mon plan expérimental. Mon idée consiste à présenter un profil individualiste et un profil collectiviste et à demander aux gens de leur attribuer une capacité à ressentir des émotions dites primaires : la colère, la peur, la joie..., ou secondaires : l’empathie, la compassion, le remord. Mon hypothèse de départ suggère que si un individu est profondément individualiste, il va considérer le collectiviste dont il ne partage pas les valeurs comme déviant et va lui attribuer peu d’émotions secondaires, ce qui est un indice de déshumanisation. Je vais tenter de le vérifier sur le terrain.

PROPOS RECUEILLIS PAR Kervi L'Hostis

(1) Sans domicile fixe.

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