Suivis avant et après la naissance

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N° 348 - Publié le 12 janvier 2017
Inra/Catherine Madzak

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Des études montrent que les porcelets associent les voix humaines aux émotions de leur mère dès la gestation.

Les chercheurs en étaient presque certains, mais aucune recherche ne venait confirmer leur hypothèse. Ils viennent de démontrer que les mammifères associent les émotions maternelles aux sons qu’ils perçoivent dans l’utérus. « Nous avions des études qui montrent que les mammifères perçoivent et apprennent à reconnaître différents sons avant la naissance, d’autres que les fœtus sont sensibles aux émotions de la mère, mais aucune ne croisait les deux », explique Alban Lemasson, directeur du laboratoire Ethos(1). Lui et des membres de son équipe se sont associés à des chercheuses de l’Inra de Rennes(2), pour tester cette hypothèse sur trente truies gestantes. Lors du dernier mois de gestation, deux voix humaines ont été diffusées par haut-parleur, alternativement le matin et l’après-midi. L’une était associée à un stimulus positif, comme des caresses, l’autre à des stimuli négatifs, comme des gestes brusques.

Les résultats ont été publiés par la revue Nature, le 18 novembre dernier. La voix associée à une émotion positive pendant la gestation a un effet calmant sur les porcelets nouveau-nés. Dès trois jours, ceux qui étaient habitués à l’entendre émettent moins d’appels lorsqu’ils sont isolés de leur mère et que cette voix est diffusée, comparés à des porcelets qui n’avaient pas entendu de voix avant leur naissance. À l’inverse, lorsqu’ils entendaient la voix associée à une émotion négative, les porcelets de l’étude émettent plus d’appels. Cette découverte a des implications sur l’élevage, pour familiariser les porcelets dès le plus jeune âge à l’homme. « La recommandation qui pourrait être faite est d’associer la voix à des émotions positives, conseille Martine Hausberger, chercheuse au laboratoire Ethos. À l’inverse, au moment des soins invasifs, il faudrait éviter de parler, pour ne pas associer la voix humaine à un événement désagréable avant même la naissance. » Surtout, les résultats sont très probablement généralisables à d’autres mammifères, y compris l’homme. Ils expliquent les observations de mères, qui racontent que les musiques qu’elles aimaient écouter pendant la grossesse calment leur enfant. À l’inverse, il faudrait être vigilant à l’association d’un bruit avec une situation stressante, qui pourrait avoir des répercussions après la naissance, voire même entraîner des phobies.

(1) Unité mixte de recherche d’éthologie animale et humaine CNRS, Université de Rennes 1.
(2) Unité mixte de recherche Pegase (Physiologie, environnement et génétique pour l’animal et les systèmes d’élevage), Inra de Rennes, Agrocampus Ouest.

Martine Hausberger, tél. 02 23 23 69 28, martine.hausberger@univ-rennes1.fr
Alban Lemasson, tél. 02 23 23 68 20, alban.lemasson@univ-rennes1.fr
Céline Tallet, celine.tallet-saighi@inra.fr

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