Le chaud et le froid de l’océan

N° 362 - Publié le 15 mai 2018
Météo-France/Centre de Météorologie Spatiale
Les données transmises par les satellites Météosat permettent de cartographier la température des eaux de surface.

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Les données spatiales analysées au centre Météo-France à Lannion servent aussi aux océanographes et aux militaires.

À Lannion, le Centre de météorologie spatiale est le seul centre de Météo-France qui analyse les données issues des satellites. Un projet européen qu’il coordonne vient de s’achever : le retraitement des températures de l’Atlantique, mesurées entre 2004 et 2012. Ces mesures ont été récoltées par deux satellites européens Météosat(1). Positionnés au-dessus du golfe de Guinée, leurs instruments sont pointés sur l’Europe, l’Afrique et l’océan Atlantique. « Les satellites captent notamment le rayonnement infrarouge, explique Stéphane Saux Picart, chercheur en océanographie spatiale. Cela correspond à l’énergie émise par la surface observée, plus celle dégagée par l’atmosphère au-dessus. L’enjeu consiste à traiter les données, pour n’avoir que la température à la surface des océans. »

Pour ce traitement, des logiciels sont utilisés. Ils ont évolué depuis la mise en service des satellites. « D’une année à l’autre, on peut avoir des différences qui ne sont pas liées à des variations de température, mais à l’amélioration des algorithmes », précise son collègue Sylvain Le Moal, chef de la division Valorisation des données satellitaires.

Améliorer les prévisions météo

Les données ont été retraitées par un même logiciel. Cette série homogène améliorera les modèles de prévision météorologique. Les échanges entre les océans et l’atmosphère gouvernent la météo des mois à venir. Grâce aux variations de température des océans, les météorologues peuvent prévoir si une saison sera plutôt sèche ou humide, froide ou chaude. Par contre, impossible de détecter le changement climatique ! « La période de neuf ans est trop courte. En climatologie, on estime qu’il faut une trentaine d’années pour commencer à voir un phénomène. » Les données pourront cependant alimenter les modèles du Giec(2).

Suivre les remontées des eaux froides

La mesure de la température des océans n’intéresse pas seulement les météorologues et les climatologues. Une équipe d’océanographes(3) du Laboratoire d’océanographie physique et spatiale à Brest s’est associée au Centre de météorologie spatiale, pour étudier la dynamique des eaux de surface. Les chercheurs veulent suivre les remontées des eaux froides venant des profondeurs. L’étude des zones de pêche se base sur les limites entre les eaux chaudes et froides. Ces dernières sont riches en nutriments, ce qui attire le zooplancton, et, avec lui, de nombreux poissons.

Dernier domaine d’utilisation des températures océaniques : la marine. Les mesures en temps réel intéressent les militaires. « Les zones de transition entre les eaux froides et chaudes sont des autoroutes à sous-marins, explique Sylvain Le Moal. La différence de température brouille les ondes des sonars et les rendent indétectables. » Une utilisation aux antipodes des bulletins météo.

Maryse Chabalier

(1) Lire Un satellite sillonne les mers, Sciences Ouest n° 263, mars 2009.
(2) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
(3) IRD, UBO, Ifremer, CNRS.

Stéphane Saux Picart
tél. 02 96 05 67 07
stephane.sauxpicart@meteo.fr

Sylvain Le Moal
tél. 02 96 05 67 14
sylvain.lemoal@meteo.fr

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