Des recherches en haut de la vague !

Actualité

N° 308 - Publié le 8 avril 2013

Magazine

4236 résultat(s) trouvé(s)

Grâce aux informations envoyées par un satellite océanographique, des chercheurs brestois ont mesuré la plus haute vague jamais recensée.

Imaginez... 36 mètres, un immeuble de douze étages. Et maintenant, une vague qui arrive au même niveau ! C’est le record de hauteur de vague qu’ont mesuré des chercheurs de l’Ifremer de Brest, record publié en décembre dernier(1). Ça s’est passé en février 2011, lors de la tempête Quirin, dans l’Atlantique Nord, au sud de l’Islande.

Du creux à la crête

Pour effectuer leur mesure, les chercheurs n’ont - heureusement - pas eu à se rendre sur place ! Ils ont utilisé les données enregistrées et envoyées par le satellite océanographique Jason 2. « Il mesure en routine la hauteur du niveau de la mer, avec une précision, en moyenne, de 15 cm, explique Fabrice Ardhuin, mais nous n’étions pas certains qu’il était fiable pour de telles perturbations. » Le satellite envoie des ondes qui se reflètent sur la mer. C’est le temps mis pour parcourir l’aller-retour qui permet de déduire la distance. Une méthode simple et efficace lorsque la mer est plate. Mais lorsqu’il y a des vagues, il faut prendre en considération plusieurs échos : celui qui correspond à la crête de la vague, qui revient plus tôt, et celui qui correspond au creux de la vague, qui revient plus tard. Et comme le satellite, qui se déplace lui aussi, ne peut pas viser précisément ces zones, les océanographes considèrent une moyenne des hauteurs sur plusieurs centaines de vagues. « Le 14 février 2011, cette hauteur moyenne a atteint 20,1 m, un record depuis le début de ces mesures, à la fin des années 1980. Grâce à des données statistiques, nous avons pu en déduire que la vague la plus haute de cette tempête devait dépasser les 36 m de haut ! »

Jusqu’à la côte

Devant ce chiffre vertigineux, les chercheurs ont voulu confirmer leurs résultats. « Nous avons regardé des enregistrements transmis par des bouées placées près des côtes européennes entre le 15 et le 16 février, lorsque la houle de la tempête a atteint les côtes. Et nous avons remarqué que le temps entre deux vagues était particulièrement long, 25 secondes, un autre record ! Ce qui conforte l’idée de vagues exceptionnellement hautes. Nous retrouvons cette période sur les enregistrements des sismographes sous-marins, qui sont sensibles à l’intensité des tempêtes. » Outre le record, ce résultat permet de valider les mesures satellitaires pour des événements exceptionnels. Cela peut servir en prévention, pour connaître les hauteurs que l’on peut atteindre dans des zones où des structures, comme des plates-formes pétrolières, doivent être installées, où encore pour le développement des énergies marines renouvelables basées sur l’utilisation de la force des vagues.

« Aujourd’hui le record tient toujours, pour les mesures effectuées par satellites. Car il est également possible d’utiliser des bouées, mais ce sont des mesures très locales, il n’y en a que quelques centaines dans le monde. » Le record enregistré par des bouées a été battu fin février dernier, avec 19 m, au large de l’Écosse.

Souffler longtemps

« L’Atlantique Nord est la zone où l’on trouve les plus grosses vagues au monde, note Fabrice Ardhuin. Il faut qu’il y ait du vent qui souffle longtemps, sur une grande distance et qu’il se déplace en même temps que les vagues, ici d’est en ouest. Ce ne sont pas les vents les plus forts qui provoquent les plus grosses vagues. » En plus d’un record, les chercheurs pourraient avoir mis au jour un nouveau dicton !

Ils surfent sur les records

Si la vague la plus haute de la tempête Quirin s’est formée au beau milieu de l’Atlantique, de belles ondulations sont arrivées sur les côtes, notamment au Pays basque où, « à cause du fond très accidenté, les vagues se reforment. » Une occasion rêvée pour les surfeurs, qui ont pu profiter le 16 février 2011, de rouleaux d’environ 10 m de haut sur le site de Belharra, à 3000 km du site record ! Ils ont ainsi surfé la plus haute vague de l’année. Plus récemment, c’est à Nazaré, au Portugal, que l’Américain Garett McNamarra est entré au Guinness Book des records en s’attaquant à une vague d’environ 23 m, hauteur estimée sur les photos, à partir de la taille du surfeur.

Céline Duguey

(1)Dans Bulletin of American Meteorology Society.

Fabrice Ardhuin Tél. 02 98 22 49 15
fabrice.ardhuin [at] ifremer.fr (fabrice[dot]ardhuin[at]ifremer[dot]fr)

TOUTES LES ACTUALITÉS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest