Mieux connaître les vagues scélérates

Quinze ans qu’il enquête et travaille sur les vagues. Michel Olagnon n’est ni policier ni surfeur, mais ingénieur-chercheur au laboratoire Comportement des structures en mer au centre Ifremer de Brest.Et les vagues auxquelles il s’intéresse sont dites scélérates ! Cette appellation ne tient pas tant à leurs dimensions qu’aux dégâts qu’elles occasionnent et qui dépendent notamment de leur raideur. « Après un épisode de vagues scélérates, je cherche à retrouver les paramètres qui décrivent leur forme : nature des trains de vagues, largeur de bande, cambrure... statistiques qui entrent normalement dans les modèles de mécanique quantique, supposés capables de décrire ces phénomènes exceptionnels(1). Mais c’est très compliqué, car sur le terrain, tout se passe dans des temps très courts », explique le chercheur.

Une autre approche consiste à imposer les paramètres pour mimer les conditions en laboratoire. Cela fonctionne : des chercheurs ont réussi à reproduire des vagues scélérates en bassin, à Berlin, par exemple, et aussi dans des fibres optiques dans les universités de Bourgogne et de Franche-Comté. Même s’il reste encore des questions sur la formation et l’origine de ces vagues, ces calculs théoriques ont permis de valider le dimensionnement des ouvrages offshore(2). « Mais, en réalité, on observe moins de vagues scélérates que ce qu’ils prédisent. C’est plutôt rassurant pour les plates-formes offshore, par contre, cela peut entraîner une baisse de vigilance. » Avec la sortie de son ouvrage(3), Michel Olagnon souhaite éclairer le grand public et toutes les personnes qui vont souvent en mer, notamment les marins. Le phénomène est certes rare mais il ne faut pas le sous-estimer.