Quelle espèce de goinfre !

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N° 332 - Publié le 9 juin 2015
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Des Brestois ont imaginé un répulsif acoustique pour éloigner les daurades royales des parcs de mollusques.

Quand elle passe, les moules et les huîtres trépassent. La daurade royale, un poisson carnivore qui peut atteindre 70 cm et 8 kg, est très vorace. Ce fut d’ailleurs l’hécatombe en septembre dernier en rade de Brest : selon les mytiliculteurs, un banc de plusieurs milliers de daurades a dévoré 160 t de moules. Un bien mauvais sort pour nos assiettes de fruits de mer, et pour les professionnels de la conchyliculture. Mais bonne nouvelle, des chercheurs de l’Ifremer viennent de mettre au point un répulsif acoustique pour lutter contre la menace des daurades royales.

Le projet Prédador(1) a été initié en 2013 par le Comité régional de la conchyliculture Bretagne Sud. « Il y a encore quelques années, la daurade royale était absente des eaux bretonnes. Elle vivait plutôt en Méditerranée. Puis elle a gagné la Vendée. En rade de Brest, la première grosse prédation a eu lieu en 2004, et le phénomène ne cesse d’augmenter, explique Yves Le Gall, chef du service Acoustique sous-marine de l’Ifremer. Il existe bien des méthodes de protection en plastique ou grillagées efficaces pour certains élevages, mais elles demandent une maintenance quotidienne insoutenable pour les professionnels. » D’où leur demande de développer un système acoustique adapté au prédateur, sur le même principe que ceux imaginés par l’Ifremer pour éloigner les dauphins lors d’opérations de chalutage. La daurade royale, encore peu connue des chercheurs, a donc fait l’objet d’une étude en biologie comportementale. « Nous avons ainsi confirmé que les mollusques font partie du régime alimentaire de cette daurade », dit Solène Avignon, doctorante à la Station de biologie marine de Concarneau(2), un des partenaires du projet Prédador. Installé au centre d’un parc conchylicole, le nouveau répulsif émet des signaux sonores discontinus et aléatoires, performants à 300 m à la ronde environ. Ses batteries assurent une autonomie d’une dizaine de jours. Les premiers tests, réalisés en 2013 et 2014 en bassin, en rade de Brest et en baie de Quiberon, sont très concluants.

« Nous allons poursuivre et intensifier les tests, précise Yves Le Gall, car il reste des points à vérifier avant de proposer le dispositif aux industriels. La daurade peut, par exemple, développer une accoutumance aux ondes sonores, ce qui diminuerait l’efficacité du système acoustique. On se soucie également fortement de l’impact environnemental du répulsif. » Et pour l’instant, les retours des pêcheurs sont bons !

(1) Projet labellisé Pôle Mer Bretagne Atlantique, financé par la Région Bretagne et le Conseil général du Morbihan.

(2) Muséum national d’histoire naturelle.

Yves Le Gall
Yves.le.gall [at] ifremer.fr (Yves[dot]le[dot]gall[at]ifremer[dot]fr)

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