Et les images sont apparues !

N° 333 - Publié le 9 juillet 2015
© Cité des Télécoms
Muette depuis 1985, l'antenne de la Cité des télécoms se pare aujourd'hui de couleurs à l'occasion de spectacles son et lumière.

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Le radôme de Pleumeur-Bodou abrite une héroïne à qui l’on doit le premier direct télévisé entre deux continents.

Elle semble tout droit sortie de l’imagination de Jules Verne. L’antenne du radôme est une gigantesque machine de métal. Un cornet de 340 t allongé sur 54 m, entouré de poutrelles sur ses 34 m de hauteur, le tout posé sur d’énormes engrenages. Car à cette époque, où les satellites ne sont pas encore géostationnaires, l’antenne doit pouvoir pivoter sur ses deux axes pour diriger sa grande oreille vers le satellite et le poursuivre alors qu’il défile dans le firmament.

Un grand ballon gonflé en permanence

L’histoire de sa construction paraît elle-même tirée d’un roman. Nous sommes au début des années 60. Français et Anglais ambitionnent d’être les premiers à établir une liaison télévisée par satellite avec les États-Unis. Une course s’engage. Les Anglais construisent leur propre antenne en Cornouailles. Les Français font le choix de Pleumeur-Bodou, à proximité du Centre national d’études des télécommunications(1) de Lannion. L’antenne française sera couverte d’un radôme, un grand ballon gonflé en permanence pour la protéger de la pluie et du vent. Le chantier démarre en octobre 1961 avec pour date butoir le lancement du satellite américain, Telstar 1, prévu pour le 10 juillet suivant. Neuf mois pour un chantier colossal : plus de 1200 ouvriers, techniciens et ingénieurs s’activent jour et nuit. Ils terminent le 7 juillet, à trois jours du lancement.

Le sixième passage fut le bon

« Les Anglais étaient prêts bien avant nous », se souvient Jean-Pierre Colin. Celui qui dirigea le Centre de télécommunications spatiales de Pleumeur-Bodou de 1974 à 1985 était arrivé comme jeune technicien en cours de chantier. Le 10 juillet, la tension est à son comble. Telstar 1 effectuant une révolution autour de la Terre en deux heures quarante, chaque passage ne laisse qu’une fenêtre de vingt minutes pour établir la liaison.

« Au cinquième passage, l’antenne avait trouvé le satellite mais les Américains ne l’avaient pas allumé ! Le sixième a été le bon. Nous avons pu capter sept minutes d’images et de son en direct des États-Unis. » Avec cette première mondiale, l’antenne et son radôme étaient entrés dans l’histoire à 0 h 47, le 11 juillet 1962.

Les premiers pas sur la Lune

Par la suite, l’antenne cornet sera le relais en France des grands événements de l’époque : l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy à Dallas, les premiers pas sur la Lune... Elle sert aussi à l’amélioration des transmissions téléphoniques entre les continents. En juin 1965, elle pointe sur le premier satellite géosynchrone : « Avec Early Bird, nous sommes passés à 240 communications simultanées. » Puis vient le temps d’une nouvelle génération : les antennes paraboliques. Mais c’est surtout l’essor des communications optiques sous-marines qui signera le déclin. L’antenne cornet cesse d’émettre en 1985. Le site de Pleumeur-Bodou fonctionnera encore jusqu’en 2003.

Aujourd’hui classée monument historique, l’antenne du radôme est la vedette de la Cité des télécoms. À l’heure de l’hyperminiaturisation électronique, sa grande carcasse métallique se réveille le temps d’un son et lumière. Comme pour témoigner de la formidable accélération des technologies de l’information en un peu plus de 50 ans.

Un lieu d’histoire tourné vers le futur

La Cité des télécoms de Pleumeur-Bodou est connue pour sa grande boule blanche posée dans un superbe décor de nature. Mais c’est aussi un vaste espace de découverte ludique et d’exposition. Plus de trois heures de visite pour combler l’amoureux d’histoire comme le curieux des dernières avancées technologiques. Le rez-de-chaussée du bâtiment d’exposition est dédié à une balade à travers le temps : les grands découvreurs du 19e, l’épopée des télécoms, la pose de câbles sous-marins, le lancement de satellites, l’univers du numérique, l’ère du sans-fil. L’étage, lui, s’ouvre à d’autres horizons : le jardin des sciences, le cinéma 3D et, pour cette année 2015, les illusions d’optique. Un parcours agrémenté de plus de 50 expériences étonnantes sur la façon dont notre cerveau interprète le monde qui nous entoure.

RLB
www.cite-telecoms.com
Roland Le Bouëdec

(1) Cnet.

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