Quand l’attention ne tient qu’à un fil

N° 360 - Publié le 2 mars 2018
Laurent Guizard
Les élèves en classe de 6e, au collège Louis-Guilloux de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), participent avec leurs enseignants au projet Émotiscol.

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Des ateliers sont organisés avec des chercheurs en sciences cognitives, pour que les collégiens apprennent à maintenir leur attention et identifient ce qui perturbe leur mémorisation. En s’appuyant sur des émotions positives, et en réduisant le stress lié au numérique, l’objectif est de créer un climat favorable, idéal pour apprendre et ne pas décrocher.

Le smartphone

Les écrans connectés créent des chutes de l’attention chez les adolescents. « Deux groupes de jeunes ont passé des tests neuropsychologiques en 2017, raconte Pascal Benquet. Les personnes du premier groupe avaient leurs smartphones éteints, posés sur leur table. Les téléphones des autres étaient dans une autre pièce. Il y a un écart significatif dans les résultats : dans le premier groupe, les performances cognitives chutent. L’attention dévie, même quand le téléphone est éteint ! Nous sommes attirés de manière régulière vers le smartphone. » « Ce sont des effets d’interférence, complète Murielle Guillery. Le jeune est en permanence dans une captation attentionnelle, qu’il est en train d’inhiber. Du coup, il est moins disponible à la tâche. »

Les réseaux sociaux

Les écrans connectés perturbent l’apprentissage. « De nombreuses études de neurosciences, neuropsychologie et psychologie expérimentales montrent qu’Internet, les jeux vidéo et les réseaux sociaux créent des troubles de l’attention, de l’anxiété et de l’estime de soi », souligne Pascal Benquet. Une étude américaine récente, associant un million d’élèves en 4e, seconde et terminale, a mis en évidence une chute de l’estime de soi depuis 2007-2008, au début de l’ère de “l’hyperconnexion”. Le sommeil entre aussi en jeu. « Quand un jeune reçoit à trois heures du matin un message sur un réseau social, c’est un perturbateur de sommeil important. Les élèves qui se réveillent pour “s’hyperstimuler” sur les réseaux arrivent fatigués. Ils apprennent moins bien. »

Les infos violentes

Un autre aspect de notre société médiatique perturbe l’apprentissage : le contenu violent de certaines informations. « Nous avons dans notre cerveau un “circuit spécial”, qui détecte les dangers, explique Pascal Benquet. Face à un contenu violent, l’attention est captée instantanément. Certains médias mettent en scène volontairement des contenus dangereux, qui sont des “attracteurs attentionnels”. Ils génèrent du stress et l’on devient anxieux. Les circuits des émotions positives se dégradent et l’on apprend moins bien. »

Nicolas Guillas

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