Des goélands gênants

N° 361 - Publié le 12 avril 2018
Pascal Desmaux
En 2017, l’Observatoire des goélands de Lorient a recensé 198 nids de goélands argentés, bruns et marins établis sur les 22000 m2 du toit du blockhaus K3.

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Admirés dans leur milieu naturel, les goélands le sont nettement moins dès lors qu’ils nichent en ville.

À la plage, on le dit “beau”, “grand”, “blanc” mais dès qu’il s’établit dans notre sphère intime, “notre” ville, certains (les mêmes peut-être) lui reprochent ses fientes, ses cris et son comportement agressif... « Une thèse précédente a mis en lumière le regard ambivalent que les habitants des villes du littoral portent sur le goéland », annonce Matiline Paulet. À son tour, cette doctorante en anthropologie de l’environnement à l’Université de Bretagne Occidentale (Géoarchitecture - EA 7462) cherche à mieux comprendre les relations entre ces espèces protégées et les riverains, à partir d’études de terrain menées à Lorient et à Sète.

2500 couples à Lorient
Installés à Lorient depuis les années 1980, les goélands argentés forment la plus grosse colonie de France avec 2500 couples. Le phénomène est plus récent à Sète, avec 500 couples de goélands leucophées. « Les plaintes sont-elles réellement liées au nombre d’oiseaux ou à la perception que les plaignants ont de cet oiseau ? Pour le savoir, je vais mener 80 à 90 entretiens auprès d’habitants (plaignants ou non) des deux villes. » Quels animaux voyez-vous en ville ? « Le fait que le goéland soit cité en tête de liste nous informera sur l’image que le riverain se fait de l’animal », précise-t-elle. Que savez-vous des goélands ? Sont-ils selon vous plus nombreux qu’avant ? « En réalité, peu de gens savent que ces populations de goélands sont en déclin en France. » Connaissez-vous les dispositifs de régulation des populations mis en place par la ville, comme la stérilisation des œufs ? « J’interrogerai également les élus sur ces dispositifs », ajoute-t-elle.

500 goélands sur le blockhaus
À partir de ces réponses, Matiline Paulet tentera d’élucider l’origine du conflit goélands-riverains. S’agit-il de conflits de voisinage ou d’un manque de connaissances sur l’oiseau ? Des actions de sensibilisation sont menées à Lorient, où des visites du blockhaus K3 de la base sous-marine sont organisées régulièrement. « Une colonie de plus de 500 goélands s’est établie sur ce gigantesque toit, en toute tranquillité. Si bien que des élus, les associations et les habitants ont créé ensemble un observatoire pour suivre l’évolution de cette colonie et développer une meilleure cohabitation, raconte-t-elle. Mon objectif final est de mettre à disposition des mairies un guide de recommandations pour améliorer les relations homme-animal en ville. » Ses conclusions pourraient être transposées à d’autres villes, mais aussi à d’autres animaux (corneilles, étourneaux, choucas), de plus en plus urbains.

Matiline Paulet
tél. 07 61 60 48 70
mati.paulet@hotmail.fr

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