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De l’espace pour la Bretagne

N° 362 - Publié le 15 mai 2018

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Notre région n’est pas seulement tournée vers la mer. Elle regarde aussi vers l’espace, Pour de nombreuses applications.

Du spatial en Bretagne ? L’idée peut sembler étonnante. Et pourtant ! La Bretagne fait partie des six premiers territoires français qui ont signé un accord de coopération avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). C’est aussi à Rennes que s’est déroulé, en octobre, le premier forum Appspace, qui a rassemblé les acteurs de l’utilisation des données spatiales. L’engouement pour ces données n’est pas tombé de la dernière pluie. Notre péninsule possède sa propre histoire avec le spatial. Plus particulièrement, dans l’analyse et l’utilisation des données obtenues par les satellites. Au cœur de cet écosystème, on trouve deux fois le même nom : Vigisat.

La parabole brestoise

Le premier Vigisat est une station de télécommunications satellites. Elle est détenue par l’entreprise CLS (Collecte localisation satellites), dont le siège est à Toulouse. Sa parabole brestoise se tourne vers l’espace depuis 2008. Les données qu’elle recueille servent à surveiller les mers du monde entier. Le second Vigisat est depuis 2007 une composante du Contrat de plan État-Région (CPER). Tout est parti de ce plan.

« Le projet d’une station de télécommunications existait à cette époque, se souvient Vincent Kerbaol, directeur de la station brestoise de CLS, et ancien chercheur de l’Institut Mines-Télécom. Je portais ce projet avec mon entreprise Boost Technologies, spécialisée dans l’analyse d’images satellites pour l’observation de l’environnement marin. En 2008, la société CLS basée à Toulouse a fait l’acquisition de mon entreprise. Notre antenne pouvait être installée à Toulouse. La Région est intervenue par l’intermédiaire du Contrat de  plan État-Région, et la construction de la station de télécommunications s’est faite à Brest. »

D’autres institutions ont été créées pour renforcer le maillage local. Côté recherche, le pivot central est le Groupement d’intérêt scientifique Bretagne télédétection (GIS BreTel). Il se charge, entre autres, de fournir des données aux laboratoires.

Création d’entreprises

En plus de ce rôle d’intermédiaire, le GIS BreTel accompagne la création d’entreprises grâce au booster Morespace, depuis 2016. « Cela se prononce “more space”, qui signifie “plus d’espace”, explique Nicolas Bellec, coordinateur du GIS BreTel. Mais cela vient de “mor”, “la mer” en breton. » Depuis deux ans, le booster accompagne une dizaine de projets. Ils concernent la lutte contre les trafics maritimes, la cartographie des fonds marins, ou encore le suivi des courants océaniques. « Nous préparons l’arrivée d’un centre d’incubation d’entreprises, labellisé par l’Agence spatiale européenne, un Esa Bic(1). Dès le mois de juin, il va aider les entreprises bretonnes en leur apportant l’accompagnement scientifique des équipes de l’Esa, du Cnes, mais également de l’Ifremer ou d’ArianeGroup. »

Bientôt utilisé par tous

Les entreprises et les laboratoires ne sont pas les seuls à tirer bénéfice des images spatiales. « Les collectivités sont des laboratoires d’utilisation des données spatiales », insiste Fabrice Phung, responsable des systèmes d’information à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). L’imagerie spatiale permet en effet de réaliser des suivis très réguliers de l’occupation des sols, du trait de côte, ou encore de la saisonnalité des plantes invasives. Son utilisation n’est pas encore simple. « Les images satellites sont généralement inutilisables, car elles s’adressent aux chercheurs. Mais c’est en train de changer. Nous assistons aujourd’hui, dans les télécoms, à ce qui s’est passé dans les Systèmes d’information géographique (SIG) en 2007. Le secteur quitte les mains des experts, pour être utilisé par tous. » Lorsque l’on se souvient que la démocratisation des SIG a fait naître des outils comme Google Maps, Waze ou OpenStreetMap, l’engouement des chercheurs pour ces images se comprend mieux.

Une journée en apesanteur

Vous avez 24 heures pour trouver de nouvelles applications aux données spatiales ! C’est sans doute par ces mots que commencera le hackathon(2) ActInSpace, programmé les 25 et 26 mai prochains dans 50 villes du monde, dont Brest et Nantes. Cet événement est l’occasion pour les passionnés d’astronautique de réfléchir pendant une journée, afin de mettre en œuvre de nouvelles utilisations des données satellites. Le jeu en vaut la chandelle : les meilleurs inventeurs pourront faire un vol en apesanteur, ou s’envoler pour Kourou assister au décollage d’Ariane ! Qui sait, ce hackathon peut aussi être le début d’une belle histoire, comme ce fut le cas pour Kermap (lire p. 17). Ces heureux perdants de l’édition 2016 poursuivent leur idée de service d’aide à l’aménagement du territoire, à partir des données spatiales.

Baptiste Cessieux

(1) European Space Agency, Business Incubation Centre.
(2) Un hackathon est un rassemblement de développeurs informatiques. Au terme d’un concours chronométré, une équipe est désignée gagnante. Les 25 et 26 mai au Village by CA Finistère, à Brest, et à l’IUT de Nantes, sur le site du Maréchal Joffre. La finale se tiendra les 26 et 27 juin, lors du Toulouse Space Show.

Nicolas Bellec
tél. 02 29 00 13 54
nicolas.bellec@imt-atlantique.fr

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