Ces vers révolutionnent les greffes

Actualité

N° 364 - Publié le 11 septembre 2018
Hemarina

Magazine

4236 résultat(s) trouvé(s)

Les organes survivent grâce aux vers d’Hemarina.

Une transplantation est une course contre-la-montre. Le greffon qui passe du donneur au receveur ne survit que quelques heures, en dehors d’un corps. Malgré les techniques actuelles, la moitié des organes sont abîmés ou détruits lors de cette course. Tout est en train de changer grâce à un ver marin bien connu : Arenicola marina. Celui-là même que l’on repère à marée basse, grâce aux tortillons de sable qu’il rejette au-dessus de sa cachette.

La durée de vie d’un poumon

L’histoire remonte à 1996, se souvient le chercheur Franck Zal. « Durant ma thèse, j’essayais de comprendre comment Arenicola marina survit à marée basse. Il respire uniquement à marée haute. À marée basse il est sur sa réserve et cela peut durer 6 à 8 h ! La clef de cette endurance est liée à son système respiratoire. L’oxygène n’est pas transporté par une cellule, comme dans le corps humain avec les globules rouges, mais par une protéine. Elle est très proche de celles contenues dans les cellules humaines. » Une fois ce constat fait, Franck Zal imagine immédiatement des applications médicales. Mais la compréhension de la mécanique de respiration du ver ne suffit pas pour sauver des vies.

Les applications nécessitent de grandes quantités de protéines. En 2007, le chercheur fonde la société Hemarina et collecte des vers marins pour en extraire la protéine d’intérêt. La solution prend un nom, HEMO2Life, et les premiers essais commencent. « Il faut imaginer qu’un greffon non connecté, c’est un peu comme le ver marin à marée basse. Avec notre solution de protéines, la durée de vie d’un poumon en dehors d’un corps passe de 4 à 48 h ! Les premiers essais sur l’homme, réalisés au CHU de Brest sur des greffes de foies, ont aussi permis de diviser par trois le temps de convalescence des patients, après l’opération. »

Cette révolution ne se cantonne pas à la transplantation. D’autres applications se développent, notamment un pansement oxygénant et une solution lyophilisée, capable de remplacer les globules rouges en chirurgie.

Baptiste Cessieux

TOUTES LES ACTUALITÉS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest