Moins polluer pour (encore) mieux protéger ?

Le grand bleu vu du ciel

N° 412 - Publié le 28 septembre 2023

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En plus d’un demi-siècle d’activité spatiale, l’humanité a procédé à « environ 12 000 lancements de satellites, tous usages confondus », dénombre Ferran Gascon, responsable à l’Agence spatiale européenne (Esa) des satellites Sentinel-2 du programme Copernicus. C’est beaucoup. Et cela continue d’augmenter, notamment avec le développement d’opérateurs privés, comme SpaceX d’Elon Musk, qui déploient d’énormes constellations de satellites. Mais ces derniers ne sont pas neutres d’un point de vue environnemental. Leur lancement nécessite une quantité phénoménale de carburant, toutefois « négligeable » au regard de la ponctualité de la chose et de ce que l’observation de la Terre depuis l’Espace nous apporte, estime Nicolas Bellec, coordinateur de l’Irispace1 à Plouzané (Finistère). Sans compter que, s’il est impossible de connaître leur nombre exact, les satellites scientifiques sont loin d’être les plus nombreux. Et en fin de vie, ils sont brûlés dans l’atmosphère ou placés sur des orbites cimetières pour éviter les collisions.

Stockage des données


Le vrai défi réside aujourd’hui dans le stockage et le traitement des données. Un satellite comme Sentinel-2 en collecte trois térabits par jour, soit l’équivalent de 600 000 chansons au format mp3. « Les centres de stockage sont énergivores et contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, admet Ferran Gascon. À l’Esa, nous travaillons toutefois à limiter ces émissions en utilisant des sources d’énergie décarbonées, en compressant les données afin de limiter leur volume ou encore en minimisant le plus possible la puissance de calcul requise au niveau du traitement. » Car il ne faudrait pas oublier qu’observer la Terre sert avant tout à la protéger.

Violette Vauloup

1. Institut régional de l’innovation spatiale.

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